U─U─U─UU─U
U─U─U─UU─
Je suis le blanc cheval du beau reître.
Le roi disait : « À moi ce coursier ! »
J'ai dit au roi : « J'ai, sire, un bon maître ;
« C'est l'homme au glaive, au casque d'acier. »
C'était le vrai modèle des braves.
Les chants des peuples citent son nom,
Qu'au livre d'or des siècles tu graves,
Ô Gloire, avec l'éclair du canon.
La guerre était sa vie et ma vie ;
Notre hymne était le son du clairon.
Tu sais, victoire illustre, ô Pavie,
S'il eut jamais besoin d'éperon.
Le sang était sa rouge rosée ;
Son champ était le vaste horizon.
Sa large épée, aux coups exercée,
D'épis vivants faisait sa moisson.
Nous deux n'avions qu'un cœur et qu'une âme.
Sa voix disait : « Allons ! » et j'allais,
Les crins flottants aux vents, l'œil en flamme,
J'allais bravant mitraille et boulets.
Pourtant c'est fait, c'est fait du beau reître.
L'Histoire en pleurs lui coud son linceul.
Pourrai-je, hélas ! survivre à mon maître ?
Le brave est mort. Je souffre et suis seul.
Juillet 1861